discoursLes années se suivent et, malheureusement, se ressemblent trop…

À l’heure de jeter un œil dans le rétroviseur et de tirer le bilan de 2017, force est de constater, pour les progressistes que nous sommes, qu’il est de plus en plus difficile de se réjouir tant les indices de régressions sociales et démocratiques sont nombreux un peu partout dans le monde, y compris dans notre pays d’ailleurs.

Pour ce discours des vœux 2018, je souhaiterais, compte-tenu de ce contexte, apporter des éléments positifs. Non, cela ne tient pas de la méthode Coué. Je voudrais que ce soit l’espoir et la détermination qui nous guident tout au long de cette année 2018.
Une année durant laquelle les défis seront une nouvelle fois nombreux… je vais y revenir.

Comment donc être positif dans un contexte de régression sociale et démocratique ?

Certainement pas en regardant le bilan et les perspectives de la majorité gouvernementale fédérale en place. Il est maintenant évident, mais en avons-nous jamais douté ?, que nous n’avons plus grand-chose à attendre du gouvernement le plus à droite (sur le plan socioéconomique) et le plus conservateur (sur le plan sociétal) depuis bien longtemps.
Parmi les mesures du gouvernement Michel que nous combattons le plus, citons notamment les attaques contre la Sécurité sociale dont le projet funeste de la pension à points, la politique migratoire inhumaine et injuste contraire aux traités signés par la Belgique, la dérégulation des contrats de travail avec la multiplication des flexi-jobs, le statut débridé des travailleurs des plates formes dite collaboratives, le brouillard concernant le pacte énergétique.

Comment donc être positif, sans appliquer la méthode Coué ?

Peut-être, simplement, en repartant de ce qui nous a épatés en 2017. Et qui peut et doit nous guider en 2018.

1.    Je reviendrais d’abord sur la mission du MOC en Palestine avec la collaboration de l’ABP l’Association Belgo-Palestinienne. 21 permanents et militants de nos organisations et fédérations régionales ont vécu 10 jours bouleversants et riches en enseignements. Nous avons été confrontés à l’injustice, à la négation des droits de tout un peuple et nous aurions pu revenir avec pour seule image en tête, les conséquences de l’occupation et de la colonisation israélienne : l’accaparement des terres, l’oppression quotidienne, les contrôles incessants et humiliants, les arrestations arbitraires et les détentions sans jugement, les souffrances qui en découlent pour la population palestinienne. Cependant, j’ai aussi envie de vous parler des Palestiniens-nes que nous avons rencontrés. De leur force, de leur résistance, de leur résilience. De leur foi en un avenir meilleur, envers et contre tout. De leurs projets enthousiastes notamment en matière culturelle et sociale pour tenter de rendre de l’espoir aux jeunes générations et leur permettre d’exister. À nous, en tant qu’individus et en tant que mouvements sociaux, d’en tirer les enseignements, d’en prendre de la graine. Nous qui, parfois, avons tendance à baisser les bras face à l’adversité, écoutons la leçon de courage et de volonté que nous donnent les Palestiniens-nes !

Comment donc être positif, vous demandais-je ?

2.    Certainement aussi en relevant l’incroyable succès de la Plateforme citoyenne d’aide aux réfugiés qui a pris une ampleur exceptionnelle depuis l’année dernière. Vous en avez tous entendu parler, depuis quelques mois, des milliers de Belges accueillent chez eux des migrants le temps d’une nuit (ou plus) pour leur permettre de récupérer des terribles épreuves qu’ils endurent dans leur difficile périple. Cette solidarité chaude, directe est un incroyable remède à la morosité ambiante. Savez-vous qu’au total, ce sont près de 50.000 nuitées que ces citoyens ont offertes aux migrants ! Si ce n’est pas encore fait, je vous invite à aller vous inscrire sur la plateforme, via Facebook. Pas forcément, pour tout de suite accueillir quelqu’un chez vous. Mais pour vous rendre compte, à quel point les multiples témoignages de ce geste simple de solidarité redonnent foi en l’humain.

Ceci ne doit évidemment pas nous faire oublier que c’est à cause d’un gouvernement totalement défaillant en matière d’asile et de solidarité que de telles initiatives voient le jour. C’est ce qui nous a amenés, en tant que MOC, à régulièrement condamner, de manière très ferme, la politique idéologique et électoraliste de Theo Francken plébiscité au sein de la NV-A et de Charles Michel en la matière. Sans succès pour l’instant. Mais cette résistance ne doit pas cesser d’autant que le gouvernement fédéral veut permettre les perquisitions domiciliaires des logements des personnes qui hébergent des migrants sans autorisation requise d’un juge d’instruction !

Il s’agit, face à tous les discours populistes, de continuer à propager des idées d’accueil, de solidarité et de respect des traités et des lois en vigueur. Car les élections approchent. Communales d’abord. Soulignons d’ailleurs à ce niveau, l’importance des initiatives de type « Communes hospitalières » dans le cadre de la campagne Justice Migratoire que nous menons via WSM avec le CNCD, Amnesty et le Ciré notamment, qui, comme une tache d’huile, doivent grandir, encore et encore…

Comment être positif ?

3.    En soulignant la pertinence de la campagne menée par Vie Féminine et d’autres organisations dans la lutte contre les violences faites aux femmes et souligner aussi la force du mouvement #metoo, qui a libéré la parole des femmes comme rarement. En quelques mois, ce sont des centaines de milliers de femmes à travers le monde qui ont eu le courage de révéler toutes les agressions, les pressions, tous les harcèlements et les viols que les femmes subissent depuis tant d’années. Ce raz-de-marée est salutaire. L’ampleur du phénomène (tout comme d’ailleurs les réactions parfois négatives) révèle que la lutte contre la domination patriarcale doit être une priorité absolue. Si l’une des priorités de ce combat doit passer par l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, il doit aussi être plus global et intégrer, notamment une lutte de tous les instants contre toute forme de violences faites aux femmes comme à tout être humain.

Palestiniens en résistance, accueil citoyen des réfugiés, combat des mouvements féministes… sont des témoignages que toute résistance n’est pas vaine et que tout espoir de changement n’est pas perdu.

En soulignant ces exemples d’initiatives, en particulier celle de la Plateforme d’hébergement pour les réfugiés et celle du mouvement #metoo, une question survient assez rapidement : celle de leur rapport au politique. De plus en plus, c’est pour suppléer à un État défaillant que des initiatives positives et solidaires se mettent en place. Les politiques néolibérales d’austérité et conservatrices mettent à mal les mécanismes de solidarité macro (la sécurité sociale, par exemple), ce qui oblige les individus à se regrouper collectivement pour faire vivre les solidarités chaudes entre citoyennes et citoyens. Nous devons les encourager, évidemment, nous y associer quand il le faut, non sans renoncer à ce combat primordial qui est la défense des droits conquis de haute lutte. Nous devons les défendre partout : dans les instances ad hoc dans lesquelles nous sommes mandatés pour le faire ; dans la rue aussi, quand cela s’avère nécessaire ! Tout en continuant notre travail d’Education permanente avec par ex la campagne menée par le CIEP et les Equipes populaires « Sécu Wars » qui nous pousse à investir dans les paradis sociaux pour défendre la protection sociale pour toutes et tous.

L’un de nos défis est sans aucun doute de réussir à conjuguer la volonté et la capacité créatrice d’agir des nombreux collectifs citoyens et la force d’action des grands corps intermédiaires organisés que sont les mouvements sociaux, syndicaux, mutualistes, d’Education permanente…
C’est également un défi à relever que la transformation et l’articulation indispensable entre des luttes individuelles et collectives. L’exemple des livreurs de Déliveroo est significatif avec au départ des travailleurs très isolés de par la nature de leur travail et qui se coalisent avec l’aide syndicale pour sortir de la précarité et défendre le droit à des conditions de travail et un salaire décents.
Oui, les lignes bougent. Voyez aussi le combat syndical qui se passe à Ryanair, autre bastion de la dérégulation du travail.

Nous devons rester des acteurs de la construction d’une société progressiste, solidaire, égalitaire, plus juste. Pour cela, il s’agit de poursuivre le « Voir-Juger-Agir » de l’Education permanente qui est dans les gènes de nos organisations et mouvements.

 Et donc de réfléchir et de proposer avant tout. C’est l’idée du chantier des 11 revendications basculantes du MOC sur lesquelles nous travaillons ensemble d’arrache-pied en vue des élections régionales, fédérales et européennes de 2019. Je cite notamment parmi ses revendications basculantes possibles à nos yeux :

De réduire les inégalités par une fiscalité juste et solidaire ;

D’œuvrer pour un enseignement réellement solidaire et émancipateur ;

D’assurer une politique d’accueil digne, humaine et solidaire ;

De répondre aux défis climatiques et environnementaux tout en créant de l’emploi de qualité ;

D’assurer un travail décent et une protection sociale pour toutes et tous partout dans le monde.

C’est le moment de peser de tout notre poids pour faire infléchir les politiques d’austérité qui accroissent les inégalités, de travailler à un changement de priorités et d’alimenter le débat public pour que nos revendications soient portées, dès 2018 lors de la campagne pour les élections communales, par un maximum de forces politiques progressistes. Nos fédérations régionales sont déjà à l’œuvre pour susciter réflexions, débats, interpellations des candidats, en MOC et au sein de plateformes associant d’autres organisations et mouvements au-delà de nos organisations constitutives.

L’approche des échéances électorales est aussi une opportunité de nous interroger sur l’état de notre démocratie. C’est ce que nous ferons à deux occasions au cours de cette année 2018 : le vendredi 02 mars lors de la journée d’étude du CIEP consacré aux élections communales et la seconde les jeudi et vendredi 12 et 13 avril, à l’occasion de la Semaine sociale consacré à la démocratie.

Et à propos de démocratie, une priorité interne à notre mouvement que je ne peux omettre de rappeler : l’élection de la future présidence du MOC qui aura lieu début juin de cette année pour un passage de témoin à un nouveau président ou à une nouvelle présidente qui prendre sa fonction dans un an, le 01.01.2019.

Comme vous le voyez, les défis et les enjeux seront à nouveau nombreux cette année 2018. Et j’espère sincèrement que les raisons de nous réjouir seront plus nombreuses dans un an, à la même date. Et que les initiatives collectives, citoyennes ou politiques, des organisations sociales, soient plus nombreuses que jamais pour nourrir et défendre notre projet progressiste d’une société plus juste, plus solidaire, plus égalitaire, plus durable qui tourne le dos à la politique d’austérité qui renforce les inégalités et la précarité, pour proposer un autre modèle de développement économique, culturel et social !

Bonne année 2018 à chacune et chacun d’entre vous. Qu’elle vous apporte beaucoup de satisfactions à titre personnel, familial et dans vos engagements sociaux et militants.

Christian Kunsch

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